Pêche de la truite à la mouche avant le fonte des neiges. Les conditions hydrologiques ne changent pas vraiment début avril. Suite à un déficit de précipitations hivernales, le manteau neigeux se situe relativement haut (vers 1700/1800m en versant nord), ce qui a pour effet de minimiser les conséquences des fluctuations thermiques classiques des premiers jours de printemps.
Les eaux du bassin versant restent par conséquent agréables à fréquenter, c’est à dire basse et claire, tout au long de la journée. Le programme initié à l’ouverture (pêche en nymphe/milieu de journée/grands cours d’eau) continue de rapporter son lot de truites, il est donc poursuivi en l’absence de nouvelle donne.
Pêche de la truite à la mouche avant la fonte
Ayant remarqué quelques poissons attablés de façon disparate dès le milieu de matinée, nous prenons le parti de prospecter les secteurs resserrés à blocs à ce moment de la journée (où la configuration marquée facilite leur repérage), de façon à réserver les bordures propices pour ce moment phare de chaque journée : l’éclosion d’éphémères de March Brown et Baetis en début d’après midi.
Quelques poissons capturés en fin de matinée :



Chaque jour, l’horaire de l’éclosion se calque rigoureusement sur le début de l’inflation thermique du milieu de journée, elle-même directement corrélée à la température de l’air de la nuit précédente. Ainsi, selon la couverture nuageuse et l’ampleur de la gelée nocturne, les insectes percent quotidiennement la surface entre 13 et 15h (voire un peu plus tard après certaines nuits étoilées).

Malgré la présence de tapis de subimagos certains après-midi, les truites rechignent toujours à les prélever et le stade de nymphe garde leurs faveurs.
Des poissons opportunistes
Bien que les insectes soient très spécifiques à cette période, les poissons restent suffisamment opportunistes pour ne pas faire la fine bouche face à des modèles de nymphe génériques de type “pheasant tail”.
Les résultats sont très réguliers d’une sortie à l’autre : une majorité de poissons de taille honorable (pour le secteur, cela signifie une trentaine de centimètres), avec quelques individus de calibre supérieur, et chaque jour un poisson approchant ou dépassant la cinquantaine de cm capturé en plein cœur de l’éclosion.




A l’heure actuelle, les eaux sont devenues hautes et teintées suite à un réchauffement de plus en plus marqué. Nous revoyons la stratégie… et nos cannes à toc ont repris du service… avec plus ou moins de succès, mais un plaisir intact… à suivre !
A bientôt
Simon SCODAVOLPE
Pour la fin de semaine, Benjamin quitte les Pyrénées (sa météo humide et ses eaux fortes) pour venir profiter de la période a priori favorable dans le 05. Une digression au programme établi s’impose donc : au regard du pic d’activité des truites en milieu de journée sur les grands cours d’eau et sachant le moral du jeune homme facilement friable en cas de cadence de touche faiblarde, nous planifions une pêche sur les affluents le matin (pour calmer ses ardeurs), avant de filer sur les bordures théâtres d’éclosion en milieu de journée (pêche d’observation et d’attente, où la parcimonie est souvent récompensée).
Première matinée de pêche
Première matinée, nous jetons notre dévolu sur un affluent aux eaux basses et claires (représentatifs de l’ensemble des cours d’eau du bassin versant) : Benji pêche seul sur un parcours varié, alternant ruptures de pente et coups marqués alors que nous choisissons avec Coline un secteur à la topographie assez resserrée, sensé faciliter l’approche (eu égard des échos annonçant des truites très méfiantes détalant de loin dans ces eaux maigres), quoique pas vraiment en adéquation avec ce que dicterait dans l’absolu une température d’eau à 6/7°C.
Benji trouve rapidement les poissons dans les minces filets d’eau (très) près du bord, comme c’est souvent le cas quand ils sont actifs en début de saison et s’en tire honorablement, malgré les inévitables ratés inhérents à la pêche au toc en eau lente :

Une série d’échec
De notre côté, Coline et moi passons totalement à côté du sujet, les deux truites touchées sur deux postes radicalement différents ne permettant pas de dégager un moyen d’optimiser la prospection. Erreur de choix de parcours grotesque certainement (beaucoup trop agité pour la saison), à cette époque, ça ne pardonne pas !

Le milieu de journée en grande rivière n’est guère plus réjouissant : l’archétype de la sortie de poissons brève et intense, totalement gâchée entre ferrages hors timing et posés douteux. Elle se solde par la prise d’un seul poisson d’une quarantaine de centimètres, qui rejoindra dans la foulée ses congénères épargnés par notre gestion calamiteuse de la piquée :

Un peu vexé par cette série d’échecs, je propose un coup du soir au toc près de la maison mais la perspective d’un apéro devant le traditionnel match du tournoi des six nations a finalement raison de la motivation de notre invité, rapidement rejoint par la pêcheuse, pour une initiation à cette activité hautement spirituelle.
Fort des renseignements glanés en début de journée, je démarre sur un parcours varié comportant une bonne proportion de postes marqués assez profonds près des bordures.
Dès les premiers coups de ligne, une stratégie de pêche limpide se dessine
- un ver, à condition de le choisir petit
- présenté sans excès de lestage rapporte des poissons au niveau des bordures molles et des bras secondaires.
L’existence d’une configuration porteuse singulière permet d’optimiser réellement la pêche (en sautant tout le linéaire différent) : des conditions que j’adore. 1h30 de prospection rapide, avec une grosse dizaine de truites de belle taille, de quoi faire plier l’extrême 3.20m pour la première fois de l’année :



Le lendemain, nous retournons sur le même affluent que la veille, mais plus en aval cette fois, où la vallée est plus élargie et la pente douce, de façon à rencontrer un maximum de coups lents et homogènes. La configuration est moins adaptée au toc certes, mais visiblement privilégiée par les truites paresseuses du moment. Benji démarre une nouvelle fois en solo et s’en sort toujours :

….alors que Coline et moi suivons Jean Michel Brunet, guide de pêche local, pour une démo de pêche en nymphe à vue.
Un personnage”louche”!!! Moucheur en toutes saisons…
Nous avons fait sa connaissance quelques jours auparavant. Etant de nature méfiante face à un gars assez louche pour ne pêcher qu’à la mouche en toutes saisons, je ravalais ma réserve dès les premiers mots échangés avec ce sympathique et attachant personnage.
Rencontrer un moucheur exclusif est toujours un moment intriguant : il est établi que cette catégorie de pêcheur possède un côté esthète (avez-vous déjà vu des assommeurs d’arcs-en-ciel pêcher à la mouche vous ?) ; c’est en réalité le degré de ce penchant qui permet de faire le distinguo entre le puriste et le snob.
Jean-Michel appartient à la catégorie la plus modérée (que je juge encore fréquentable), c’est à dire celle capable de converser avec des empaleurs de vers de terre (sans toutefois se risquer à les imiter cela va sans dire), de concevoir qu’un confrère puisse manger un bon plat de truites sauvages de temps à autres, et même de partager son savoir avec les parias sus cités. Bref, un type saint d’esprit quoi.
… mais un vrai guide de terrain
Nous prenons une véritable leçon de pêche pendant plus de deux heures. Effectivement, les poissons se vraiment concentrent sur les courants mous et assez profonds. Là, où une nymphe bien conduite supplante un appât qui passe souvent trop creux. Résultat : une bonne quinzaine de truites d’une trentaine de centimètres, dont la moitié à vue (enfin surtout pour lui) :
“- Tu la vois là sur le sable ?
– Euh…
(ferrage)
– Ah ouais !”
Faculté de repérage des poissons impressionnante, maîtrise technique du même acabit : un vrai guide de terrain que nous vous conseillons ardemment si vous passez dans les Hautes-Alpes !

Pour flatter son ego (et par la même me faire pardonner les médisances précédentes), je vous mets son plus beau poisson de la matinée, une méd’ superbe dépassant frôlant les 45 cm dans un torrent de 6m de large à 1400m d’altitude : la classe !

Une matinée d’observation très instructive en somme, le genre d’expérience à laquelle tout pratiquant devrait avoir l’humilité de se livrer de temps à autres. Accumuler mécaniquement les heures au bord de l’eau ne suffit pas à progresser. S’enrichir des techniques des autres y participe également (à condition bien sûr d’éviter les grands diseux petits faiseux qui pullulent dans les rangs des pêcheurs).
Direction une nouvelle bordure
L’après-midi, nous décollons tous pour une bordure, dans l’expectative d’une sortie de poisson comparable à celle de la veille et comptant sur une meilleure maîtrise de notre part. La luminosité est faible et l’atmosphère douce : l’éclosion attendue est massive mais les poissons sortent furtivement. Conséquence ou pas du matraquage intensif subi depuis 3 jours, ils sont assez concentrés sous la grosse veine où ils nymphent assez profondément.
Le coup est trop restreint pour que 3 pêcheurs opèrent de concert, un accord s’impose et nous nous entendons sur les règles suivantes : ce sera une canne à mouche pour 3, une tentative chacun, celui qui rate ou prend passe la canne au suivant.
Notre invité ouvre le bal de main de maître avec l’unique poisson capturé en sèche, une connaissance pas rancunière puisque déjà capturée 2 jours avant :

De mon côté, magnanime, je m’escrime à éclaircir les rangs des plus petits individus à chacun de mes passages, pour laisser le loisir à mes camarades d’attaquer les plus gros (de mauvaise foi, moi ?) :


C’est lors de la deuxième tentative de Coline que le drame survient :
Alors que sa nymphe nage tranquillement sur le banc de sable accolé à la veine porteuse, le plus gros poisson du banc se décale et vient la ramasser sous nos yeux ébahis. Elle ferre dans un timing parfait et se sentant visiblement pousser des ailes, inhibe tout dévidage de soie, la main gauche rivée sur la bobine (vieille réminiscence de ses combats avec les brochets suédois 8 mois plus tôt ?).
Je lui suggère qu’il serait sans doute opportun de ne pas brider exagérément ce poisson avec tout le tact qu’il est possible de réunir en pareille circonstance (bon ok, je lui hurle de lâcher cette p…n de manivelle). Le poisson traverse la rivière sur le premier rush et commence tranquillement à dévaler, visiblement peu gêné par la pression que la pointe en 16/100 permet de coller. La Perlide 300 se cintre. Alors nous descendons tous, au même rythme que cette grosse zébrée dépassant largement la barre des 50.
Une zébrée dépassant la barre des 50

Un énième rush à proximité de l’épuisette se soldera finalement par la rupture de la pointe. Dur à encaisser. Je vous épargne la suite.
Le dernier jour, Benji nous quitte en fin de matinée. Le flux est reparti au nord. Un refroidissement sensible qui aura pour effet de décaler l’éclosion d’environ 2h. Après un bref passage sur le poste de la veille (cette fois totalement déserté), nous partons explorer de nouveaux horizons plus en amont, en recherchant des zones aux caractéristiques similaires. Une bordure du même type se dessine sur la rive d’en face, quelques lancers à la roulette suffiront à atteler un gros poisson, en tous points, splendide sur un modèle de nymphe tungstène générique, à même de passer creux dans d’importantes profondeurs :

Deux autres farios clôturent cette après-midi de belle manière :


Un début de saison très riche d’enseignements et de remises en question. Rarement j’ai eu le sentiment de passer totalement à côté en pêchant au toc (d’autant que cette technique possède une adaptabilité remarquable).
Une conjonction de facteurs expliquant sans doute la suprématie de la mouche artificielle :
- une concentration des truites au niveau des secteurs élargis et lents à corréler à l’eau froide
- une prédation de proies miniatures dans la colonne d’eau
- un degré de sélectivité inhabituellement élevé pour la saison à corréler à des niveaux maigres installés depuis longtemps.
La polyvalence avant tout
La triplette petit appât + secteurs mous + prédation dans la colonne donnait incontestablement la primeur à la pêche en nymphe. A méditer pour ceux qui voient en telle ou telle technique l’alpha et l’omega de la pêche de la truite !
A bientôt,
Simon SCODAVOLPE
De retour des Cévennes, je me trouve dans un état d’excitation à peu près équivalent à celui du vendredi soir précédent, tant la pêche fut poussive durant le week-end dernier. La météo calamiteuse qui a affecté les Alpes du Sud à l’ouverture (neige et vent de nord) n’a sans doute guère fait évoluer les conditions hydrologiques (très propices) des semaines passées.
Effectivement, je retrouve en ce lundi des cours d’eau parfaitement en place, que quelques jours de congés devraient permettre d’explorer. Je démarre la semaine en solo avec une stratégie clairement établie :
Au vu de la conjoncture favorable sur les rivières principales (et connaissant son caractère éphémère à cette période de l’année), je compte rompre avec les habitudes post-ouverture des années passées (la disette hivernale poussant à se ruer sur les affluents densément peuplés dès le début des hostilités) pour me focaliser sur la pêche des cours d’eau de gros calibre, en vue de rechercher plutôt la taille que le nombre.
Par contre, comme à l’accoutumée, j’apporte un soin tout particulier à l’évitement des parcours empoissonnés et des parcours no-kill. Solutions de facilité choisies par certains pratiquants pour s’assurer quelques reports de début de saison, mais dont l’aspect artificiel et les règles du jeu faussées me rebutent toujours autant. Une grosse truite, ça se mérite non ?
Je m’arrête donc sur un parcours du domaine public à la réglementation classique assez encaissé, situé sur la rivière principale du coin, dans l’optique d’une prospection rapide aux leurres visant à battre du terrain :
Le moment pour essayer une march Brown
Arrivé sur les lieux, il est 12h30, des martinets effectuent de grandes arabesques au dessus de la rivière, indice d’une éclosion d’insectes en cours, rapidement confirmée par la présence de plusieurs sub-imago dérivant au gré des courants.
Interrompant aussitôt l’hérésie halieutique imminente qui aurait consisté à lancer des poissons nageurs sur des poissons capturables à la mouche, je retourne à la voiture et file scruter une bordure prometteuse repérée cet hiver. La zone est constituée d’une belle tête de courant marquée et assez puissante, dont le côté gauche vient buter sur un enrochement créant une retourne. Sur le banc de sable formé en aval, j’aperçois d’emblée plusieurs poissons de taille variable attablés, godillant à la limite du remous et de la grosse veine porteuse.
Ils ne sont pas véritablement postés pour la plupart, mais tournent plutôt sur la zone, se plaçant tantôt sous la veine principale, tantôt plus près du bord à quelques mètres de ma position. Ils profitent de cette manne d’insectes qu’ils prélèvent majoritairement sous l’eau en délaissant la majorité des sub-imagos de March Brown qui dérivent au dessus de leurs têtes. Seules les truites les plus énervées percent la surface de temps à autres. Misant sur un certain opportunisme de leur part (et jugeant surtout une approche en nymphe à vue un peu trop présomptueuse), je tente le coup en sèche.
Action de pêche à la mouche
L’action de pêche consiste à choisir un moment optimal pour lancer la mouche, coïncidant avec l’absence de vent et le décalage d’un poisson dans la zone calme de façon à ne pas ferrer un individu au milieu de la troupe, ce qui anéantirait toute chance de capture en série. Premier posé correct (pas trop catastrophique) entre deux rafales, et une jolie fario méditerranéenne d’une quarantaine de centimètres gobe élégamment l’imitation de March Brown sur H14 dressée pour l’occasion par le non moins élégant Matthieu Vieilhescazes :

Une deuxième du calibre similaire prend la pose en suivant, avant un poisson plus petit bien énervé qui dissipera tout le banc :


L’autre côté du pool est constitué d’une plage lisse moins marquée, ce qui complique le repérage des poissons. Bien qu’aucun gobage ne soit visible, j’imagine que quelques truites nymphent sur la bordure et je choisis de pêcher l’eau en lançant préférentiellement sur les éléments marquants du fond susceptibles de fixer les poissons (essentiellement les blocs de plus gros calibre).
Et ça paye :



De retour sur le poste rive gauche, les plus petits individus du banc non capturés en début de pêche se sont remis à table mais restent insensibles aux passages en surface, c’est donc en nymphe que se termine cette journée avec quelques captures supplémentaires à la clé (malgré de nombreux ferrages approximatifs…) :

Un après-midi mouvementé, avec une majorité de poissons pris à vue : un régal !
Coline me rejoint pour cette pêche à la truite en Mars
Le lendemain, Coline me rejoint. Les conditions météo changent radicalement : le vent de nord très gênant la veille s’est évanoui, tout comme les nuages qui ont laissé leur place à un franc soleil.
Conséquence ou pas de ce changement de luminosité, les insectes se raréfient sur le créneau 12-15h. Seulement deux poissons capturés sur cette plage horaire, le premier en sèche pour moi à vue (l’un des 2 seuls poissons attablés sur la bordure ce jour là) :

Et un second en nymphe au toc plus en aval pour Coline, présage de la suprématie des pêches sous l’eau durant les 2 jours suivants :

A bientôt pour la suite !
Simon SCODAVOLPE

J’aime la pêche de la truite dans les Cévennes. J’affectionne particulièrement le versant méditerranéen de ce massif, où le chant des cigales et une délicieuse odeur de pin vous accompagnent lors de vos pérégrinations halieutiques.
Dans ce coin de la France, les truites sont de taille modeste (substrat granitique oblige) mais rustiques et en bon nombre (surtout depuis 5 ans qu’une conjoncture climatique favorable s’est installée). Les eaux souvent basses produites par l’influence climatique méridionale induisent une pêche fine très plaisante.
La qualité des poissons qu’on y trouve n’est pas tant due à une gestion exemplaire des APP du coin qu’aux pressions naturelles sévères qui se chargent d’exterminer tout individu non génétiquement adapté (entre les étiages extrêmes durant lesquels les rivières se transforment en une succession de flaques d’eau chaudes et les crues automnales pour le moins décapantes, on ne peut pas dire que la Nature ménage ses hôtes dans cette région).
Le bassin versant en question comporte plusieurs rivières à truites de petit calibre, et qui correspondent assez bien à ce qu’on pourrait appeler des « coins moyens ». Dotés de caractéristiques intrinsèques assez banales, d’une productivité loin d’être faramineuse, mais suffisamment peu fréquentés pour conserver une qualité de pêche correcte, tout au moins suffisante pour moi.
Pas de planification stratégique pour cette ouverture de la pêche de la truite dans les Cévennes
L’ouverture constitue l’unique sortie de l’année qui ne soit pas planifiée selon des paramètres stratégiques.
Débuter la saison dans les Cévennes est plutôt devenu un rituel annuel qui coïncide avec une visite familiale dans le Gard.
Depuis 3 ans, je rencontrais des conditions en mars quasi parfaites; des niveaux tendus juste-comme-il-faut et une température d’eau favorable autour des 10°C.
Cette année, la donne s’annonçait toute autre. Dès la mi-février, l’omniprésence de l’anticyclone laissait présager des niveaux bas, voire très bas, malgré ce que mes informateurs locaux (aveuglément optimistes) m’affirmaient.
… et dans cette région (comme dans pas mal d’autres), eaux basses = truitelles. Ma conscience m’interdisant d’esquiver ce rendez-vous pour d’autres contrées plus favorables, j’allais donc subir les aléas climatiques, ce qui ne manqua pas de me rappeler une règle empirique immuable : une partie de pêche réussie ne se prévoit pas à l’avance.
Maigre, ça l’était. « On s’croirait au mois d’août »

Les eaux très basses des cours d’eaux Cévenols en cette ouverture 2015 de la truite
Comparativement à la belle saison, une situation encore pire dans la mesure où les petites ruptures de pente agitées qui concentrent alors les truites restèrent désespérément vides dans cette eau à 7°C.
La pêche n’eut donc rien de passionnant et je vous ferai grâce de toute tentative de décryptage puisque je n’ai pas rencontré l’ombre d’une piste à suivre pour en améliorer le résultat (existait-elle seulement ? mieux vaut penser que oui !).
Un échantillon des poissons du week-end :



Dès mon retour dans les Hautes-Alpes, je retrouvais des rivières en ordre délaissées le temps d’un week-end. Elles allaient rapidement me faire oublier cette entrée en matière morose… à suivre !
Simon SCODAVOLPE
* Robert Louis Stevenson, est un grand écrivain écossais célèbre notamment pour son roman “L’Île au trésor”. Il effectua la traversée des Cévennes à pied et en fit le récit dans “Voyage avec un âne dans les Cévennes”. Un chemin de randonnée le gr70 porte aujourd’hui son nom.
Comment réussir son ouverture truite? Comme une “toute première fois”, c’est le sentiment qui prédomine à l’approche de chacun de mes débuts de saison. Simon Scodavolpe vous a fait part dans ses précédents articles des meilleures stratégies à mettre en place le jour J.
Pour les compléter, voici un petit inventaire du matériel qui vous accompagnera le jour de l’ouverture et tout au long de la saison. Je vous propose en plus quelques rappels et astuces pour éviter qu’émotion et précipitation ne gâchent ce jour pourtant bénît.
1. Canne et moulinet pour réussir son ouverture truite.
“Faire l’ouverture” pour certains pêcheurs néophytes peut se transformer en “partir à l’aventure”, quelques conseil de base peuvent pour éviter une galère. De nombreuses raisons peuvent vous faire changer de programme et de type de cours d’eau en cours de journée, en fonction de vos envies, de l’affluence ou des conditions rencontrées. Ces paramètres sont toujours difficiles à appréhender lorsque l’on n’habite pas au pied de la rivière.
Le choix de la canne
Une canne polyvalente vous permettra de vous adapter, du petit cours d’eau difficile d’accès (donc moins fréquenté) à la grande rivière. Le produit le plus simple à mettre en œuvre est sans conteste une canne télé-réglable d’environ 5m00. Celle-ci peut-être dans la gamme Garbolino un modèle très accessible comme la Garbotoc Sprint R 4m80 ou pour ceux désirant un produit plus performant la Garbotoc Précision R 4,80m.

Canne Sprint R disponible en versions poignée liège à bagues ou porte moulinet à plaque

Canne Précision R un modèle de légèreté et d’équilibre montée avec le célèbre système de bagues téléréglables Garbolino
Le choix du moulinet
Pour équiper ces cannes vous avez le choix entre un très classique moulinet lancer en taille 10 ou 20 comme le STARTER (disponible en Frein avant ou arrière) ou la traditionnelle « réserve de fil » de type Garbolino CTR, DTR ou ATR.
Moulinet Garbolino CTR

Ou Moulinet Garbolino DTR

Moulinet ATR65
Ce type d’ensemble vous permettant de faire face à de nombreuses situations et restera utilisable tout au long de la saison. Un petit conseil, pensez à emmener une seconde canne avec vous, il est toujours dommage de casser une canne, qui plus est ce jour-là, et de se retrouver démuni sans pouvoir poursuivre sa partie de pêche. Cette canne supplémentaire peut être aussi un complément de la première, comme un modèle à fil intérieur pour un ruisseau très encombré ou de type appâts naturels pour des lieux plus dégagés.
2.L’équipement de base
A ranger dans un blouson multipoches ou dans une petite musette.
Pour le montage de la ligne
- Des hameçons:
- A choisir en fonction de la taille des meilleurs appâts du moment plus qu’en fonction de la taille des poissons recherchés. À l’ouverture, le ver est sans conteste l’appât numéro 1. Le Gamakatsu 3120N facilite la tenue des jolis vers, sa hampe longue et donc un peu plus «lourde » aura également tendance à aider votre appât à gagner plus facilement le fond et à le ralentir. (À contrario, en cours de saison, un hameçon plus léger présentera mieux des vers de petite taille)
- Des bas de lignes montés sur un plioir en mousse:
- Je les prépare avec 1 ou 2 plombs et complète ensuite la plombée sur mon lieu de pêche. –
- Une boîte étanche (ici la Sakura WP Hook Box). Vous y stockerez à l’abri en évitant de les répandre dans une poche
- de petits émerillons (de taille 12 ou 14),
- des hameçons
- vos indicateurs de touche
- etc.
- Vos indicateurs de touche: je les préfère petits donc discrets et ne bridant pas la ligne.
- Les modèles autobloquants de type Rigoletto sont parfaits car ils restent bien en place sur la ligne et sont faciles a ajuster en fonction du fond.
- Une boîte de plombs “mous“ pour pouvoir régler la dérive de sa ligne, beaucoup de plombs “toc” ne le sont pas assez, pensez à regarder du côté des plombs coup ou Anglaise ils sont souvent bien adaptés.
Pour le confort du pêcheur
- Un coupe fil et une pince (pour écraser les ardillons et décrocher les poissons.)
- Une paire de lunettes polarisante:
- Oui, un “basique”! Beaucoup pensent encore que c’est un gadget adopté par des “pêcheurs-frimeurs”. Pourtant en diminuant les reflets vous distinguerez désormais bien plus nettement le fond donc:
- vous avancerez avec une sécurité optimale dans la rivière, en évitant par exemple les trous ou des rochers recouverts de mousse.
- vous apprécierez bien mieux la profondeur ainsi que les postes qu’affectionnent les truites (par exemple une pierre ou un gros galet amortissant le courant, …) ou les obstacles (branches, racines,..). Vos lunettes atténuant également les contrastes de lumière, vous distinguerez bien mieux votre indicateur, surtout s’il est fluo.

L’équipement de base
3.Les accessoires utiles
Complémentaire de l’équipement de base, sans être indispensables, certains accessoires sans vous encombrer, peuvent vous faciliter un peu la vie au bord de l’eau.
- Plus une pince pour décrocher les plombs (même si à mon sens, un coup d’ongle se révèle plus pratique et rapide).
- Et pour finir une aiguille ou un “crayon aiguille“, petit accessoire très utile avec lequel défaire un nœud devient alors presque un amusement!

Les accessoires utiles
4.Dans votre sac à appâts
Deux types d’appâts sont à privilégier pour l’ouverture:
- Vers (indispensable dans des eaux fortes et colorées). La meilleure boîte à vers… en bois, très légère, économique, parfaitement aérée et garnie de mousse fraîche légèrement humide.
- Teignes (faciles à repérer et par le pêcheur et par le poisson, permettent aussi de pêcher par des eaux plus claires ou par temps ensoleillé). Pensez à les inspecter régulièrement, ce sont des appâts fragiles, les garder dans des copeaux propres et secs est indispensable. Evitez celles stockées dans du cartons alvéolé, vous ne pourrez pas vérifier leur état de fraîcheur. De plus, les larves sont souvent délicates à extraire.
- Avoir 2 appâts présente aussi l’avantage de pouvoir en changer dans certains cas:
- soit pour s’adapter a un changement de conditions atmosphériques.
- soit pour retenter un un poisson après une touche manquée. Lorsque le poisson n’a pas eu le temps de sentir l’hameçon. Lui présenter alors un appât différent déclenche souvent une seconde touche.

Avoir des appâts frais est primordial pour faire succomber une belle truite.
5.Et pourquoi pas… une « près ouverture»
- Concluons par un peu de bon sens. Quitte à paraître un peu trop perfectionniste pour certains ! C’est une évidence, quel est souvent le principal responsable d’une ouverture ratée pour ne pas dire plus?…soi-même! Rappelez-vous, voilà 6 mois que vous attendez ce jour béni que vous soyez un débutant ou pas. Rien d’anormal donc de se montrer maladroit, approximatif et d’avoir la tête plus à penser à ses premiers poissons… Qu’aux branches, racines ou autre contrôle d’une bonne dérive.
- J’ai trouvé une façon ludique et agréable de récupérer quelques bons réflexes et de décupler ainsi mon plaisir le jour J. Une petite remise en forme en rivière de 2e catégorie. À une semaine de l’ouverture, un vrai plaisir de capturer, et en avant-première, mes premiers poissons au toc! soleil radieux et surtout le luxe de se retrouver seul au bord de l’eau. Un entraînement grandeur nature sur une petite rivière, parfois torrentueuse, peuplée de chevesnes puissants et de perches virulentes et à la robe resplendissante. Quel bonheur de vivre deux ouvertures en l’espace de quelques jours!

Un beau chevesne pris au vers dans des eaux de 2ème catégorie
Bonne “ouverture” à tous les pêcheurs!
www.guide-bask-peche.com
Choisir son appât de début de saison pour la pêche de la truite (de lacher?). Quelques règles de base. En début de saison, la truite sauvage est amaigrie.
L’hiver et la période de reproduction qui l’accompagne ont épuisé ses réserves. Son but est alors d’acquérir de l’énergie à moindre effort. Si l’eau est vraiment froide, la digestion est lente et les périodes alimentaires courtes. Elle privilégie donc un apport calorique peu fréquent mais important. Dans la majorité des situations rencontrées, les esches classiques telles que les vers et teignes fonctionnent très bien.
Si la récolte des appâts peut se faire au bord de l’eau durant l’intersaison (notamment le ramassage de vers de berge), la prétendue supériorité des espèces naturelles relève plus d’une idée reçue que de la réalité pratique…
Pour le pêcheur moderne souvent urbain (ou celui qui achète ses esches par commodité), voici quelques indications pour bien choisir parmi l’offre du commerce. Les principales esches utiles en début de saison sont :
1. Les vers de taille importante (dendros) :

Gros Vers Dendros
Assez imposant par la taille (il mesure jusqu’à 10cm), c’est un excellent appât pour les truites de remises et pour les farios sauvages par eaux fortes. De par sa texture solide, il s’accommode bien des lancers répétés, à condition de l’escher sur un hameçon tige longue numéro 8 ou 10. Veillez à l’enfiler suffisamment sur les 2/3 de sa longueur au minimum.
2. Les vers de petite taille :
Les vers de petite taille, utiles en début de saison lorsque les eaux sont basses, sont essentiellement de deux types : petit dendros et vers de terreaux. Des hameçons tige longue numéro 10 ou 12 sont indiqués. A noter que leur utilité ne se limite pas à la période pré-fonte des neiges, nous y reviendrons.

Petit Vers Dendros

Vers de Terreau
3. La teigne :
La teigne est un excellent appât, utilisable toute la saison en adaptant sa taille, qui se conserve facilement plusieurs semaines à une température proche de 10/12°C.
Par eaux froides et fortes, les teignes de taille moyenne sont utilisables. Cette larve étant relativement fragile, il convient de privilégier les hameçons fins de fer (type Gamakatsu 1040r). Veillez à rapprocher le plomb de base à moins de 10cm de l’hameçon car le courant a tendance à la décoller du fond.
Bonne ouverture et bonne saison de pêche à la truite.
Simon Scodavolpe
Choisir son appât pour la pêche au toc de la truite. Être en adéquation avec le régime alimentaire des truites constitue l’essence même des techniques qui misent sur le stimulus alimentaire.
La pêche au toc, qui consiste à faire dériver dans le courant une proie appartenant (ou ressemblant) à l’offre naturelle du moment, en est la parfaite illustration. Un choix hasardeux peut anéantir tous les autres stratagèmes techniques ou tactiques mis en œuvre pour duper nos partenaires. La situation extrême où il vous prive de la moindre touche, alors que votre collègue plus clairvoyant enchaîne les prises à côté de vous (ou pire, derrière vous), n’est pas un mythe, surtout lorsque les farios se montrent sélectives à l’étiage (les gens oublient alors subitement leur vertu de générosité dans ces cas-là !). Pour éviter d’en arriver là, voici les deux paramètres principaux à considérer :
1. La nature de l’appât pour la pêche au toc de la truite :
Pour piocher dans la bonne catégorie (larve, ver, insecte terrestre), il est bon de considérer le degré de sélectivité des truites, corrélé à la période de l’année.

En montagne, la saison peut être divisée en 4 périodes :
- De l’ouverture jusqu’à la fonte des neiges : Au sortir de l’hiver, la truite affaiblie et casanière se déplace peu. Seule des bouchées conséquentes éveillent son intérêt : les esches caloriques sont les plus adaptées. Je reste très classique à ce moment : teigne et vers conviennent dans l’immense majorité des cas (les poissons considérant d’avantage l’apport énergétique que la nature même de l’offre).
- La fin de la période de fonte des neiges : le régime alimentaire des poissons change peu à ce moment-là, mais la baisse progressive des niveaux couplée à l’éclaircissement des eaux doit conduire à diminuer la taille des appâts (voir deuxième point).
- L’étiage : dès que les eaux deviennent maigres et relativement chaudes (pour une fario, cela signifie plus de 13/14°C), les périodes de frénésies alimentaires sans sélectivité se raréfient (je rappelle que la majeure partie de la croissance des truites se fait au printemps et non en été !). Le régime des poissons se spécifie et s’oriente alors vers des proies miniatures (la manne de nourriture présente à cette période les rend plus discriminants), essentiellement des insectes, terrestres ou à l’état de larve.
- La fin de saison : une modification de la prédation peut survenir à l’approche de la fermeture si la température de l’eau repart à la baisse de façon significative, sous l’impulsion d’une atmosphère rafraîchie par des nuits plus longues et plus froides à partir du 15 aout. Les classiques vers et teignes retrouvent alors le devant de la scène (on peut imaginer que ce refroidissement est perçu par la truite comme un signe avant-coureur de l’hiver). C’est loin d’être le cas tous les ans, les poissons restant souvent assez sélectifs (les esches estivales font alors toujours l’actualité), surtout depuis quelques années où l’été indien survient en septembre.
Autres paramètres à prendre en compte pour le choix de votre appât pour la pêche au toc de la truite.
Au-delà de ces quelques règles empiriques, je pense qu’il existe des paramètres que nous ne maîtrisons pas vraiment (pour ma part en tout cas !), qui conduisent les truites à consommer préférentiellement certaines esches, tel jour à telle heure, sans raison réellement palpable (peut-être une question de teinte, ou d’allure ?).
C’est notamment le cas en début d’été, alors qu’une multitude d’appâts est valable sur le papier (petits vers, teigne, porte-bois…etc.), des différences parfois notables peuvent survenir, sans qu’il soit possible de les corréler au moment de la journée, ou à des conditions hydrologiques particulières.
Ne sachant pas véritablement décrypter ce phénomène (mais ne croyant pas pour autant au fruit du hasard !), je me contente de varier le menu en alternant les diverses bêtes dont je dispose. En général, 2 ou 3 appâts choisis selon les paramètres de ce paragraphe.
2. La taille de l’appât :
Au-delà de la nature de l’esche qui orne votre hameçon, il est bon de considérer sa taille.
Elle doit être en adéquation avec le volume de la masse d’eau, ainsi que sa teinte.
En début de saison par exemple, le ver de terreau fait partie des esches classiques.
- Si un gros vers dodu (attention tout est relatif, pour une truite sauvage, cela signifie environ 7/8 cm) est un choix judicieux par niveau fort ou en période de crues, des eaux basses et claires comme on en rencontre parfois en mars (lorsqu’un froid sec sévit depuis plusieurs semaines) doivent conduire à une réduction de sa taille (un petit terreau de 4/5 cm est mieux adapté).
- Cette logique se retrouve aussi pour la teigne, disponible en multiples variétés dans le commerce, contrairement aux larves d’insectes qui, par leur nature, sont toujours minuscules et donc assez réservées à une utilisation estivale (nous y reviendrons tout au long de la saison dans diverses illustrations).
L’inadéquation avec la prédation du moment peut transfigurer le résultat d’une partie de pêche. Sans aller jusqu’à une absence totale de captures, elle peut se matérialiser par une qualité de touches médiocre (des grimaces comme on dit dans le jargon) qui doit induire une remise en question d’ordre technique.
Si une conduite de ligne approximative peut produire un effet similaire, nous devons évoquer en premier lieu l’hypothèse du mesurage de l’appât. D’autant qu’un tour de main suffit à la vérifier… au moins pour le pêcheur prévoyant a qui pris ses précautions !
Simon SCODAVOLPE
La truite possède cette caractéristique exceptionnelle de pouvoir se pêcher avec un panel de techniques très large. Reflets d’un régime alimentaire éclectique et d’une agressivité carnassière décuplée à certaines périodes de l’année, ces multiples facettes en font un poisson unique en son genre. Sachant que toutes les techniques sont complémentaires et possèdent un moment phare durant la saison, il est d’autant plus regrettable de les voir parfois hiérarchisées selon des pseudos-caractères de sportivité ou de noblesse. Le pêcheur polyvalent qui fait fi de ces clichés grotesques, peut faire face au comportement changeant des poissons au fil de la saison. Au moment du choix de la technique pour l’ouverture de la truite, tous les pêcheurs n’ont pas les mêmes considérations.
Quelle technique choisir pour le début de saison?
Cette décision résulte généralement de la part accordée à la recherche d’efficacité pure et dure (car toutes les techniques ne sont pas égales selon le moment considéré), sacro-sainte pour certains, et supplantée par le goût naturel et les aspirations pour d’autres. Penchant plutôt du côté des plus pragmatiques (vous ne me verrez jamais prôner l’utilisation de telle ou telle technique pour son côté esthète), je porte généralement mon choix sur la pêche la mieux adaptée aux conditions du moment. Si vous souhaitez procéder de la sorte, voici quelques pistes à suivre qui tiennent compte du décor planté dans le précédent article « où pêcher à l’ouverture de la truite ? » :

Une belle fario de mars sous un rayon de soleil printanier
Quelque soit le contexte météorologique en ce deuxième samedi de mars, la froideur de l’eau inhibe tout excès de mobilité chez la truite sauvage (sauf cas particuliers d’appétence décuplée en parcours no-kill ou milieux extrêmement précoces). Votre montage doit donc passer lentement, au ras du fond et près du poisson pour espérer le séduire.
Penser à une offre calorique
De même, l’offre doit être assez calorique : les truites ont besoin de reconstituer leurs réserves et privilégient des proies assez conséquentes sans être très discriminantes au niveau de leur nature. Dans ce contexte, les appâts naturels (vairon compris) ont souvent le dessus, de part leur attractivité au ralenti et l’apport protéiné qu’ils représentent. La pêche aux leurres, qui misent sur l’agressivité, trouve son apogée en présence d’une température d’eau voisine de l’optimal thermique de la truite (situation qui survient entre avril et juillet suivant le type de biotope) ; tout excès de froideur réduit l’agressivité des farios et donne la suprématie aux esches naturelles.
Ainsi, pour l’ouverture de la truite, je considère les pêches au vairon mort manié et au toc comme deux valeurs sûres. Pour l’une et l’autre, la façon d’adapter votre matériel doit tenir compte des impératifs précédemment décrits.
1. Ouverture de la truite au toc
Quelque soit son habitude en matière de type de canne, il faut éviter les modèles trop courts en mars (erreur fréquente des adeptes des cannes à anneaux à emmanchements) : la conduite de ligne en présence d’eau profonde et de plombées lourdes (avec nécessité absolue de passer lentement, quitte à couper légèrement les veines) implique de soutenir légèrement le montage, sous peine de le voir quitter le courant de fond qui aimante les truites par eaux froides. L’angle entre le scion et la bannière doit rester aux alentours de la perpendiculaire.
Principales règles pour le matériel
- En pratique, 3,50m est un minimum en ruisseau, 3,90m en grands cours d’eau.
- Question montage, les grammages relativement importants facilitent les lancers et s’accommodent bien d’un corps de ligne en 14 ou 16/100 fluorescent, ainsi que d’un bas de ligne de 12 à 14/100, dont la résistance n’est pas superflue lorsqu’il s’agit d’assurer les combats par courant puissant.
- La plombée sera suffisamment lourde (surtout si les eaux sont fortes), basse (pour plaquer l’appât au fond) et concentrée (pour faciliter la mise en place du montage).
La pêche au toc à l’ouverture
Présenter l’appât près du fond sans lui accorder trop de liberté est indispensable à cette saison. La précision de la trajectoire de l’esche mérite votre attention toute l’année. Mais son importance est décuplée en mars lorsque la distance de stimulation des poissons est faible. Si une truite bien postée en mai daigne parfois se décaler de quelques dizaines de centimètres et pardonne une présentation hasardeuse, ne comptez pas sur de telles faveurs en mars.
Pour évaluer de façon précise la position de votre appât à partir du point d’entrée de la ligne dans l’eau, il faut le brider au maximum autour de la plombée de telle sorte qu’il se trouve dans l’alignement de la bannière (en pratique, cela revient à placer le plomb de touche à moins de 10cm).

2. Au vairon manié :
A différence du tocqueur qui accompagne simplement la dérive (la longueur de canne est alors déterminée par la distance à laquelle la ligne évolue), le pêcheur au vairon qui manie son appât doit tenir compte du type nage qu’il souhaite lui conférer.
La configuration du poste
- Ainsi, la longueur de canne n’est pas vraiment dictée par la largeur du cours d’eau comme au toc, mais plutôt par la configuration des postes et le type d’animation qui en découle : quelque soit le type de milieu considéré, si la majorité des coups nécessitent un maniement du vairon à l’aplomb du scion (cas typique des ruisseaux encombrés et cascadeurs formant des vasques), un modèle long est nécessaire. L’importance accordée au confort et à la maniabilité de l’outil façonne votre choix. Les meilleurs modèles pour prospecter sous la canne sont téléréglables et d’environ 5mètres, assez rigides en pointe pour ferrer efficacement. Au contraire, si un profil plutôt plat conduit à une présentation en dérive (qu’elles soient orientées amont, ¾ amont ou ¾ aval), une canne plus courte d’environ 3m est plus adaptée et polyvalente. Dans le cas où votre parcours présente une importante diversité de facies, un modèle de 3,30m à emmanchements apparaît comme un bon compromis pour ces deux actions de pêche.
Le choix de la monture
- Se pose ensuite la question du choix de la monture : en la matière, chaque pêcheur a ses convictions, plus ou moins objectives et rationnelles. Personnellement, je privilégie celles qui confèrent au vairon une nage naturelle, modulable par le biais des animations et non pas automatisée comme ce que produisent les godilles par exemple. Celle mise au point par Olivier Plasseraud est idéale pour pêcher à rouler, de part sa plombée interne.
- Alors que la monture casquée ou drachko vous condamne à une action verticale, la monture Plasseraud permet de prospecter efficacement les veines laminaires lentes. Le pêcheur se contente alors d’imprimer de brefs soubresauts pour rompre la monotonie de la dérive, bannière assez détendue (la gestion de sa tension est aussi capitale qu’en matière de pêche au toc). En mars, évitez les animations trop saccadées et les grands coups de scion. De plus, cette monture fait preuve d’une remarquable capacité d’adaptation lors d’un éventuel changement de configuration : si l’on désire une action plus verticale pour faire plonger le vairon près des obstacles par exemple, il suffit de pincer une chevrotine sur l’émerillon en tête pour l’obtenir. La modification reste en plus facilement réversible d’un coup de pince. Selon la masse d’eau, un lest interne de 2 à 5 gr est nécessaire pour racler le fond sans s’accrocher. Si le couple vitesse/profondeur moyen du parcours nécessite un grammage supérieur, une répartition du lest ¾ interne/ ¼ externe par ajout d’une chevrotine d’1 à 2 gr est préférable au recours à de gros vairons (les petits sont souvent les meilleurs !).

Monture Vairon Manié Garbolino
Pour conclure
Si le toc et le vairon sont les techniques reines pour l’ouverture de la truite, d’autres se montrent ponctuellement efficaces, c’est le cas de la mouche artificielle. Les éclosions d’éphémères (March Brown et Baetis Rhodani) rendent les truites très vulnérables à cette époque. Si les grandes rivières sont en place, guettez les gobages en bordure sur le créneau 13-16h. Attention, je vous parlais en début d’article d’un régime alimentaire peu sélectif en mars, mais la remarque n’est plus du tout valable lorsque les farios s’attablent en surface ! Dans ces moments là, on peut regretter d’avoir laissé mouches sèches et fouet à la maison, car il est illusoire d’espérer les leurrer avec autre chose… Vive la polyvalence !!!
Bonne ouverture à tous
Simon SCODAVOLPE
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